Histoire d'un Vitrail

Histoire d'un Vitrail....Voyage


Deux jours avant le confinement j'ai reçu une commande pour la fabrication d'un vitrail; le sujet...St Jacques de Compostelle. Lors de mon premier jour de travail j'ai réalisé que j’étais probablement la seule personne faisant le chemin de St Jacques en confinement. 
En espérant offrir un peu de liberté dans ces temps compliqués, j’ai proposé à l'association qui a commandé le vitrail d'écrire de petites histoires vraies qui coïncident avec les étapes de fabrication de mon vitrail. Je vous propose à partir de lundi de publier une fois par jour nos efforts communs pour égayer vos journées! 
Ces Histoires peux se trouver sur mon site www.vitrail-stecolombe.fr ou mon page facebook Vitrail Ste Colombe

Stephanie Ailloud /Vitrail Ste Colombe
Association De Pas en Pas
2144 route de Marennes 38200 Villette de Vienne

Le Vécu d'un(e) Pélerin(e) en Chemin vers Compostelle

Le sac à dos.
Bonne journée malgré le froid et la pluie.
Accomplir un rêve d’adolescent, partir plusieurs mois à l’aventure, en solitaire et à pied pour rejoindre la lointaine Galice afin de contempler sous les étoiles de Compostelle, la mythique cathédrale où Saint Jacques attend, en toute quiétude, tous ceux qui comme lui, ont revêtu ‘’l’habit du pèlerin’’.
Trois mois de marche, plus de 1 600 km, ça se prépare !

Certes, les ’’bons conseils’’ ne manquent pas, tant livresques que de vive voix, heureusement parce qu’est là l’impérieuse nécessité de justement organiser son sac à dos afin que tout l’essentiel ‘’du matériel indispensable’’ au
pèlerin puisse rentrer à l’intérieur de ce minimum d’espace.

Après 10 petits km de marche, à peine une demie étape, la notion de ‘’matériel indispensable’’ se révèle être bien subjective !

Désillusion totale, la réalité s’impose, la notion de poids du sac à dos prime largement sur celle de volume transporté.

A mes dépends, ce premier jour de marche, j’ai compris qu’un sac à dos ‘’méticuleusement agencé’’ permet d’emmagasiner une multitude de ‘’choses indispensables’’ …que pour ma part j’ai laissées dans le gîte où j’ai passé ma 1ère nuit de pèlerin..

Le Vécu d'un(e) Pélerin(e) en Chemin vers Compostelle

Episode 2 : Montfaucon en Velay
L’équipement du pèlerin.
 
Parti le 15 Août du domicile, près de Vienne, bien déterminé à respecter à la lettre et coûte que coûte, le programme de marche méticuleusement étudié, pour arriver à St Jacques de Compostelle à une date bien déterminée.
Bien vite, vous allez voir, la Vie sur le Chemin m’a contraint d’admettre que ce qui est vivant ne peut pas être enfermé dans la rigidité d’un programme, aussi justement fût-il calculé.
Sur le sentier, pourtant bien balisé, il suffit d’une minute de non présence pour manquer la coquille bleue et jaune qui indique par où passer, et hop, voilà le marcheur égaré !
Alors pour ne plus perdre de temps les compromis vont bon train ; délaisser le GR et ses balises qui jouent à cache-cache avec le marcheur, pour marcher sur le goudron…brulant sous le soleil d’Août, éviter le centre des villages…et ses commerces, ignorer les habitants qui ne pensent qu’à papoter etc…
Immanquablement à un moment la gourde est sèche, plus une goutte d’eau pendant des km, pareil pour le sac à nourriture, hormis un grand paquet de pruneaux secs.
Alors la 1ère fontaine rencontrée est la bienvenue, tant pis pour l’écriteau ‘’eau non potable’’.
Le lendemain dimanche, pas de chance pas un seul commerce pour se réapprovisionner, donc, pruneaux matin midi et soir. Hé ben croyez à mon expérience, c’est bien vrai, les pruneaux ça débouche les tuyaux !
Résultat beaucoup, beaucoup de temps perdu… derrière les buissons.
Malgré ça, me voici arrivé en la ville du Puy en Velay…presque à l’heure et « si demain je pars dès le lever du jour j’aurais rattrapé mon ‘’retard’’, et tant pis pour la messe des pèlerins ».
Oui mais….plus un seul crédencial de disponible. (Le passeport du pèlerin, vraiment très utile pour dormir dans les gîtes espagnols) Alors vite je cours de partout dans la ville pour en trouver un, peine perdue, aucune chance avant le 7 septembre, dans une 12ène de jours !
A cet instant je comprends que la totalité de mon programme est à reconstruire. Par peur de ne pas y arriver et en bon randonneur, j’avais tellement bien calculé le matériel ‘’indispensable à emporter’’ que j’en avais oublié, l’Essentiel, le juste équipement du pèlerin.
Un chapeau, une ‘’besace’’ (sac à dos), un bourdon, (le bâton du pèlerin) et …un crédencial !
Quant à la messe des pèlerins au départ du Puy, j’en reparlerai plus loin, sans ce moment très particulier où l’évêque prend le temps de saluer individuellement chaque pèlerin en partance pour St Jacques de Compostelle, je ne suis pas sûr que j’aurais trouvé la force nécessaire pour durer jusqu’au bout de mon pèlerinage.

Le Vécu d'un(e) Pélerin(e) en Chemin vers Compostelle


Episode 3
La Mission Cathédrale du Puy en Velay

La cathédrale du Puy en Velay est le point de départ du pèlerinage vers St Jacques de Compostelle ouvert par Godescalc, évêque du Puy, en l’an 950.
Aujourd’hui, ce lieu mythique est encore le préféré des marcheurs pour mettre leurs pas dans les pas de milliers de pèlerins qui depuis le Moyen Age, entreprennent le long Chemin qui mène à Compostelle.
C’est le traditionnel lieu de rendez-vous des marcheurs, qui selon leurs convictions religieuse, assistent ou non, à la réputée et si particulière messe des pèlerins.
A la fin de celle-ci l’évêque propose à ceux qui le souhaitent de prendre au hasard dans une corbeille, un papier plié contenant un vœux, une prière, un souhait écrit par un(e) inconnu(e), et de l’emmener jusqu’à St Jacques.
Ainsi, comme depuis le Moyen Age, ceux qui se trouvent dans l’incapacité de marcher, peuvent accomplir le pèlerinage en bénéficiant des jambes de ceux qui accepteront de porter leur message jusqu’à St Jacques.
Cette demande peut paraitre simple comme cela, mais elle est précieuse car nous avons le devoir de porter ce souhait jusqu’au bout du chemin.
Précieuse parce qu’à chaque fois que nous rencontrons une difficulté, que nous pouvons avoir le regret d’être venus, que nous sommes soumis à la tentation d’abandonner, cette mission nous aide à tenir bon.
En effet, nous sommes portés par une Energie, celle de l’Engagement envers le rédacteur du message, qui nous permet de trouver la force intérieure, le courage pour continuer jusqu’au bout !

Le Vécu d'un(e) Pélerin(e) en Chemin vers Compostelle

Episode 4 Le Puy en Velay.
« Le Jeu des balises »  
Le Chemin de Compostelle se vit à pieds, à vélo, avec un âne, une « charrette », seul, en duo, en groupe…
Ce pèlerinage, nous étions 20 à le Vivre ensemble.
Nous avons marché en jouant à repérer les balises comme des enfants auraient joué à découvrir des trésors bien cachés!
Dans quel but ? 
Ne pas se tromper de chemin !
Si au bout d’1 km ou d’environ 15 min je ne vois plus de balise, c’est que je suis égaré, et que j’ai manqué de “Présence”. 
 1km d’erreur dans une direction, c’est 1km de plus pour revenir à la dernière balise repérée ! Alors il s’agit de ne pas trop souvent être « absent » quand nos seules jambes nous véhiculent…
Bref, en groupe, nous jouons : le 1er d’entre nous qui trouve une balise marque 1 point! 
Il est donc nécessaire de repérer les lieux stratégiques où elles ont été placées, et de lever la main en disant “vu!”, plus promptement que les autres!
Très vite l’entraide se tourne vers ceux qui au début ont un peu de mal à trouver la fameuse coquille. Ainsi il n’est pas rare de voir l’un de nous « innocemment » mettre un temps fou à relacer sa chaussure, juste à côté du chêne dont les feuilles cachent la balise !
Nous sommes arrivés à St Privat d’Allier, heureux de ce Jeu collectif, qui a “ouvert nos yeux ».

Le Vécu d'un(e) Pélerin(e) en Chemin vers Compostelle

Episode 5 : « Le sac à dos qui sonne ». Saugues.
Durant les tous derniers km de mon pèlerinage en solitaire sur le Chemin de St Jacques, est arrivé à mon esprit l’idée d’organiser pour un groupe d’une vingtaine de marcheurs, ce si enrichissant périple vers Compostelle.
Cheminer 200 km, une quinzaine de jours par année pour expérimenter la vie de nomade, libre des préoccupations du quotidien en ne pensant qu’à marcher le plus justement possible .
Dormir sous tentes ou à la belle étoile, se laver dans l’eau des ruisseaux, cuisiner le repas collectif une fois arrivé au lieu de campement, fêter la journée de marche accomplie, etc…
Pour rendre ‘’jouable’’ cette belle aventure et le dépassement de soi, une fourgonnette est utilisée pour le transport des tentes et de tout le matériel nécessaire à la vie de camp.
Afin d’éviter les déboires liés à la consommation d’eau ‘’pas bien potable’’ (CF épisode 2) un rendez-vous fourgonnette est fixé chaque jour en milieu d’étape.
C’est durant ce moment que, vers 13heures, se présentent 2 marcheurs, écrasés par le soleil autant que par le poids de leur sac à dos.
« - On en peut plus, on vous a repérés depuis quelques jours, vos étapes sont comme les nôtres, pouvez-vous prendre nos sacs à dos dans votre fourgon jusqu’à l’arrivée de celle d’aujourd’hui ? »
« - OK gardez l’essentiel pour marcher et posez vos sacs sur le siège passager, je vous les dépose à votre gîte tout à l’heure. »
Quelques heures plus tard, après le passage du groupe, je prends le volant pour emmener le véhicule au campement quand soudain…..un des sacs à dos sur le siège du passager se met à sonner ! ? !
Attente, à peine arrêté il recommence à sonner, et encore et encore !
Catastrophe, un des marcheurs a dû oublier son téléphone dans son sac.
Que faire, ouvrir le sac pour prendre l’appel ? Je prends le risque.
Stupeur, non seulement le marcheur a oublié son tel mais il y a aussi son portefeuille dans son sac. Je décroche, c’était le propriétaire de l’un des sacs à dos qui appelait pour dire qu’ils étaient bien arrivés au gîte, sans trop d’efforts, et que grâce à cette demie étape tranquille ils se sentaient prêts pour reprendre le sentier le lendemain matin et que… non il n’avait pas oublié son tel ni son portefeuille mais avait suivi le conseil de ne garder pour marcher que l’essentiel dont il aurait besoin ! 
Merci à ce pèlerin, que je ne connaissais pas, pour la confiance totale qu’il a manifesté en confiant son sac à dos, dans lequel il a laissé sa plus grande intimité, mais aussi pour ce qu’il m’a appris: En matière d’entraide il est préférable d’attendre d’être sollicité plutôt que de se précipiter à « vouloir aider ».
Si j’avais succombé, je me serais sans doute senti responsable d’avoir peut-être rajouté un problème en plus de leur fatigue écrasante, en les ayant d’une certaine façon privés d’un tel et d’un portefeuille dont ils auraient pû avoir besoin en Chemin.

Le Vécu d'un(e) Pélerin(e) en Chemin vers Compostelle

Episode 6. La Roche.
La réponse des riverains à l’appel des pèlerins en difficulté.

Partis en groupe, nous avons décidé de camper pour ne pas « envahir » les gîtes, si essentiels au Pèlerin solitaire.

Tous les bivouacs ont été repérés en amont : programme nickel !

Oui mais voilà, nous avons une invitée surprise …….. La pluie !

Une petite semaine que nous marchons, … mangeons, … montons les tentes, … dormons, … démontons les tentes, marchons, etc… ……… sous la pluie ou même l’orage.

Certains soirs nous avons même mangé chacun sous notre tente.

Evidemment plus rien de sec. Le matin enfiler les chaussettes et les chaussures trempées de la veille n’est pas des plus agréables !

Allez, je décide de marcher en sandales, sans chaussettes, au moins elles ne seront pas mouillées. Au bout de quelques kilomètres, ma peur de ne plus avoir la sécurité des chaussures de marche et des chaussettes disparaît, mon corps se détend. Comme quoi, les peurs sont bien dans la tête, pas dans les pieds !

J’ai beau essayer d’accepter ce qui est, de marcher avec mon « amie » la pluie, le moral commence à flancher, il n’est pas au beau fixe.

C’est alors qu’après quelques recherches de certains d’entre nous, des habitants acceptent de nous prêter leur grange, pourtant pleine de bottes de paille ; il y a un risque mais ils le prennent.

Evidemment nous cuisinons dehors, paille oblige !

Et nous allons enfin manger et dormir…….. au sec ! 

Quel bonheur !
Nous voilà comme des enfants à jouer, chanter, danser dans ce foin qui sent bon le réconfort. 
Nos vêtements vont sécher pendant la nuit, et nos duvets au sol, les uns à côté des autres, comme dans un dortoir, représentent une scène pour le moins inattendue !

Chacun s’endort après un immense MERCI adressé à ces gens qui nous ont vu arriver trempés comme des soupes, nous ont ouvert leur grange en toute conscience du risque qu’ils prenaient, et offert de passer ainsi une nuit merveilleuse !

Vécu d’un pèlerin (e) en Chemin vers Compostelle.

Episode 7. Conques. 
La vie monastique.
Après environ de 150 km de marche et le juste rythme trouvé, 6 jours de marche et 1 jour de repos/fête, se révèle à nos yeux, juste en dessous de nous, les toitures de la magnifique abbaye de Conques.
Un jour et demi et deux nuits pour expérimenter la vie des moines prémontrés gardiens et ‘’Hospitaliers’’* de l’abbaye de Conques.
Accueil chaleureux puis visite des dortoirs, immenses, et non mixtes, les hommes d’un côté les femmes de l’autre avec des lits à trois étages.
Repas préparé par les moines, servi dans le réfectoire avec la participation des marcheurs, puis présentation de la vie monastique à l’abbaye de Conques avec invitation à participer aux différents offices religieux et autres moments où les prémontrés partagent leur passion avec les marcheurs, musique, histoire du lieu etc. et un moment particulier au réfectoire pour apprendre le chant des pèlerins en route vers Compostelle : Ultreïa !
Moment inoubliable tant ces hommes qui, malgré la rigueur de leur vie monastique, ont des têtes rayonnantes comme des soleils.
Depuis, pas une occasion n’est manquée pour rejoindre de cœur et en pensée ce bref séjour à l’abbaye Ste Foy de Conques en entonnant joyeusement ‘’le chant des pèlerins’’ « Toujours plus loin toujours plus haut … » Ultreïa !

*Les hospitaliers sont, aujourd’hui, des bénévoles qui accueillent les pèlerins dans les gîtes dont ils ont la responsabilité.
 A suivre, Episode n° 8 : Le chant des pèlerins de Compostelle.

Le Vécu d’un(e) pèlerin (e) en Chemin vers Compostelle. 

Episode 8. Au départ de Conques.
“Ultreia” Le Chant des pèlerins de Compostelle.

Tous les matins nous prenons le Chemin.
Tous les matins nous allons plus loin.
Jour après jour la route nous appelle, 
C’est la Voix de Compostelle.
Refrain :
 Ultreia, Ultreia, e sus eia, deus ad juva nos.
Chemin de terre et Chemin de foi, 
Voie millénaire de l’Europe
La voie lactée de Charlemagne, 
C’est le Chemin de tous les Jacquets.
 Refrain
Et tout là-bas au bout du continent,
Messire Jacques nous attend, 
Depuis toujours son sourire fixe, 
Le soleil qui meurt au Finistère.
Refrain bis. 
https://youtu.be/0IZJiFhDgTs par JC Benazet. (Auteur compositeur du chant)

Vécu d’un (e) pèlerin (e) en Chemin vers Compostelle.

Episode 9 : Bivouac chez l’habitant.
        Sur un terrain de foot, dans un pré chez un particulier ou un agriculteur, sur un terrain municipal ; c’est là que chaque soir nous installons notre campement pour une vingtaine de pèlerins.
        Ce soir-là c’est Marie Thérèse qui nous accueille dans sa cour et son terrain adjacent.
       Nous ne sommes pas encore installés que de gros nuages noirs arrivent sur nos têtes ! 
       Nous commençons à poser une bâche au-dessus de la remorque ‘’coin cuisine’’, bâche tenue à tour de rôle par 4 pèlerins, bien trempés, pour permettre aux cuisiniers de service ce soir-là de préparer le repas pour le groupe.
       Marie Thérèse, soucieuse de notre confort, nous ouvre sa maison :
WC, douche, et garage où nous installons les tables pour le repas.
Prenons-nous la mesure de l’accueil de Marie Thérèse ?
       Sommes –nous suffisamment présents au respect des lieux ?
       Quelles belles traces laisserons-nous ?
       Ce sont des questions que le pèlerin a le devoir de se poser. 
Il a aussi le devoir d’agir dans ce sens.
       Le lendemain rangement, photo du groupe pour Marie Thérèse et départ pour l’Ermitage.
       Marie Thérèse et une de ses amies nous accompagnent.
 Après 2 heures de marche ensemble nous arrivons au sommet d’une colline sur
le site d’un Ermitage regroupant plusieurs bâtisses avec une chapelle
dont l’abside romane consacrée à st Jean a été entièrement restaurée. Dommage ! Elle est fermée à clé !
                Mais … sur le Chemin tout peut arriver…
       Surprise ! Marie Thérèse est venue avec la clé. Elle ouvre la porte et ceux qui le souhaitent peuvent entrer.
       Merci à Marie Thérèse et Merci à ce lieu sacré enclin au recueillement !
       Quelques minutes de paix, de prières, de chants et nous voilà prêts pour continuer notre pèlerinage.

Le Vécu d’un(e) pèlerin(e) en Chemin vers Compostelle.


Episode 9. Cahors.
Le miroir des deux euros.
Ce jour-là, dans Cahors, il est proposé à notre groupe de 20 pèlerins une mission particulièrement « délicate ».
Chacun de nous dispose d’une pièce de 2 euros. 
Ce montant est à utiliser comme bon nous semble, en une ou plusieurs fois, sans qu’il ne reste le moindre centime, et sans en ajouter un seul non plus !
Nous avons devant le nez que « ce qui est simple, est loin d’être facile » !
Nous étions libres de déambuler tout un après-midi dans Cahors pour trouver où, à quoi, vers qui, cette petite pièce de monnaie allait être consacrée.
Cet « exercice » a eu l’effet d’un miroir, nous permettant de prendre conscience qu’avec ces deux euros, (ou dans toute autre situation de notre quotidien), nous pouvions tout aussi bien être, pilotés par une envie, que, à l’écoute d’un besoin, ou encore, prêts à incarner un geste de solidarité envers quelqu’un.

Vécu d’un (e) pèlerin (e) en Chemin vers Compostelle.

   Episode 11 : Présence aux lieux et aux habitants en bordure du Chemin.
       Hameau de Pèleven (Un peu avant Miradoux)
       Très forte chaleur, l’heure du « casse-croûte » approche !
       Arrivons près d’un lavoir bien ombragé dans un hameau en bordure du Chemin. 
       Le lieu est adopté sans avoir quoi que ce soit à dire, les pique-niques sortent des sacs ! Le plaisir !
       Une maison toute proche, à vingt mètres avec une petite fenêtre qui donne sur le lavoir… Je décide d’aller frapper à la porte et salue un homme d’une soixantaine d’années à qui je fais part de notre souhait de rester là dans ce magnifique endroit, le temps du repas de midi si ça ne dérange pas …
      - « Pas de soucis ! … »
       Nous terminons notre pique-nique et que voyons-nous ? 
       Notre homme arrive avec une cafetière fumante, du sucre et des tasses pour tous ! 
       Ca alors, quelle excellente surprise ! Nous bavardons un moment tout en buvant le café et au moment de partir, notre hôte nous demande de prier pour lui à Saint Jacques de Compostelle. 
       Tout est propre, pas la moindre trace de notre passage alors nous pouvons quitter ce lieu magnifique, prêt à accueillir d’autres pèlerins, le Cœur rempli par ce beau partage, et en remerciant la Vie de nous permettre d’aussi belles rencontres.  .

Le Vécu d’un(e) pèlerin (e) en Chemin vers Compostelle.

Episode 12. Aire sur l’Adour. 
“Détournement de pèlerins”. 

C’est sous une chaleur accablante que je suis arrivée à l’étape ce jour-là. 
Les pieds en feu, la gourde à sec, le sac à dos...collé au dos par la sueur. Bref, j’étais claquée. 
 Soudainement, un homme, bien habillé, “frais”, s'approche, et propose un verre de menthe à l’eau glacée à partager avec 3 autres pèlerins qui sont arrivés peu avant. 
« -Olala oui avec grand plaisir! »
Nous échangeons sur le vécu de notre journée, et ce Mr nous “conseil” très vivement de ne pas suivre le topo-guide pour la prochaine étape, et nous recommande avec insistance de suivre “son” itinéraire, pour nous « éviter des km farfelus ». Quelle “chance” d’être tombés sur lui! 
Alors, malgré mon pèlerinage en solo, j’accepte le rdv à 6h00 devant l’église, fixé avec les 3 autres pèlerins, pour partir ensemble le lendemain matin. 
Un Canadien qui a mal aux pieds, une Suisse “qui en a vu d’autres”, et une Allemande genre Stephy Graff, voilà le petit groupe improvisé avec lequel j’embarque pour cette (més-)aventure. 
Bien respectueux des consignes qui nous ont été données la veille, nous laissons de côté la balise qui nous dit de tourner à droite. Avec dans mon cœur, un petit pincement. Comme si je lui avais été “infidèle”. Je découvrirai plus tard que c’était en réalité une Intuition que quelque chose n’allait pas “bien” se passer. 
Nous avançons selon le rythme de “Mlle Graff”: A fond les bielles ! 
Très rapidement, elle ne supporte plus ce groupe “d’escargots”, et nous laisse tomber, pour accomplir sa double étape quotidienne, soit 50km! 
Peu de temps après, nous perdons le Canadien qui nous dit qu’il va faire du stop! 
Et oui, du stop car nous sommes sur le goudron depuis le départ, et le serons jusqu’à l’arrivée! 
Je suis donc désormais seule avec la Suisse, qui s’arrête toutes les heures pour 5 min de pause. Magnifique enseignement, que je n’ai jamais oublié d’incarner depuis! 
Nous persistons à suivre à la lettre “l’itinéraire bis” puisque de toutes façons, nous ne savons plus trop bien où nous sommes. 
Et puis nous découvrons la raison de cette insistance à nous “faire passer par là”: Nous voilà devant une ferme totalement en dehors du GR, mais bien décidée à “intercepter” les pèlerines « égarées » puisque nous sommes immédiatement accueillies par un vendeur qui nous propose les produits de sa ferme et nous dit : -“-alors c’est l’hospitalier d’Aire sur l’Adour qui vous envoie ?! »
Comme quoi, même sur ce Chemin, il y a des « attrapes-pèlerins », et que le plus sûr pour ne pas «se faire égarer » c’est encore de suivre…les balises, et nos intuitions !

Vécu d’un (e) pèlerin (e) en Chemin vers Compostelle.

Episode 13. Arzacq Arraziguet.
« Le Donativo. »
Je démarre la journée après une nuit « son et lumière » dans un gîte bien rempli : éclairage à répétition pour les toilettes, et concert incessant de « trompettes !» 
Les yeux aussi lourds que les chaussures, l’étape du jour parait longue…et il fait terriblement chaud. Pour couronner le tout, je n’ai plus une goutte d’eau et la seule boulangerie ouverte ne propose que des sandwichs au fromage…
Je déteste le fromage…
Après les yeux et les pieds, c’est mon cœur qui devient terriblement lourd…
Pourtant, dans un élan de dignité je redresse mon corps, relève la tête, et là, oh miracle je vois un tout petit panneau: « Amis pèlerins, soyez les bienvenus ! ».
J’entre dans un adorable espace herbeux, impeccable, aux abords d’une petite maison, et découvre émerveillée deux chaises, une table de pique-nique pliante sur laquelle il y a une glacière pleine de bouteilles d’eau à la menthe, à la fraise et à côté, un splendide roulé au nutella !!!!
Je vois aussi une tirelire en forme de cochon, et cette indication : « Donativo* ».
2 Pèlerins Allemands qui étaient là, se lèvent, glissent quelques pièces dans la tirelire et reprennent leur Chemin.
Je savoure et remercie par un petit mot dans le Livre d’or mis à disposition, ceux qui, en toute discrétion, en toute confiance (ni caméra, ni verrou, ni vigils, ni chiens méchants) ont transformé l’étape que je n’avais pas très bien démarré en un moment de grâce !
Je reprends le Chemin, en chantant à pleins poumons « Ultreia ! »
*Donativo : Libre participations aux frais, qui permet aux pèlerins suivants de bénéficier à leur tour d’une nuitée, d’un repas, d’une boisson, sur ce même principe.

Le Vécu d’un(e) pèlerin (e) en Chemin vers Compostelle.

Episode 14. Orthez.
  Quand le credencial ouvre les portes.
Ce jour-là, nous devions installer notre campement sur un terrain prêté par une municipalité.
Mais il tombait des cordes, l’orage grondait, le vent rugissait.
Et nous apprenons que le terrain est totalement inondé par le Gave de Pau.
La question “où passer la nuit?” s’est donc imposée à nous.
Nous appelons la mairie de la commune sur laquelle nous nous trouvons en cet instant pour demander si nous pouvons emprunter un gymnase pour la nuit : “-Non” ; une salle polyvalente : “Non” ; le préau d’une école : “-Non”.
Rien… Désespérant.
Alors, je téléphone, sous une pluie battante, au presbytère du village.
J’entends à peine la voix qui répond et j’explique notre situation : “- Nous sommes 20 pèlerins, munis de nos crédencials.
Nous cherchons un refuge pour passer la nuit à l’abri. La municipalité ne peut pas nous héberger. Pouvez-vous nous aider ?”.
J’ai du mal à entendre mon interlocuteur dans ce tumulte de foudre, tonnerre et orage. Mais ouf, soulagement, il répond : “-Je ne sais pas qui vous êtes, mais oui, venez !”.
Triple surprise pour nous tous :
Nous sommes accueillis au presbytère : par une femme, pasteur, de couleur!
Elle nous propose une grande salle, chauffée, avec coin cuisine et des sanitaires! 
Nous vivons avec elle une magnifique soirée de Partage, le Cœur rempli d’une immense gratitude pour cet être qui a si spontanément ouvert ses portes, sans crainte, et sans rien attendre en retour. 
Le lendemain matin, nous repartons, avec le soleil, le tampon du presbytère sur nos passeports, et en chantant « Ultreia », le Chant des Pèlerins que nous avions entendu pour la 1ère fois dans l’abbaye de Conques et qui allait désormais nous dynamiser jusqu’à Santiago... et même après!

Le Vécu d’un(e) pèlerin (e) en Chemin vers Compostelle.

Episode 15. St Jean Pied de Port.
« Chemin ouvert à tous, absolument tous. »
Ce jour-là, j’arrive à St Jean Pied de Port.
J’avais rencontré sur le Chemin, des pèlerins de toutes origines, de tous âges (Le plus jeune ayant 21 ans et le plus sage 90).
Un panel si large de Marcheurs que je croyais « avoir tout vu ».
Mais le plus surprenant de tous les pèlerins que j’ai pu rencontrer, était assis dans le hall du gîte. Un sourire éclatant comme un soleil.
Il a immédiatement et très spontanément engagé la conversation…en anglais, puisqu’il venait d’Australie et ne parlais pas le français.
Nous avons décidé de nous retrouver le soir autour d’une paella en terrasse.
Et là, il parle. Beaucoup. J’écoute, et je comprends quelques phrases, quelques mots. En particulier ceux qu’il répète très souvent : « i’m strong ». (Je suis fort).
J’en conviens bien volontiers quand je découvre qu’il accompli chacune de ses étapes en portant 2 sacs à dos, de 20 kg chacun ! 
Un devant, un derrière !
Le Chemin est donc aussi ouvert aux très costauds !
Mais pas que.
Oui, car ce jeune homme de 29 ans n’était pas « que » « strong ».
Et ça, je l’avais découvert dès l’instant où il s’était levé, dans le hall du gîte pour offrir à la pèlerine solitaire et inconnue que j’étais pour lui, son plus chaleureux accueil.
J’avais même imaginé qu’il était l’hospitalier du gîte !
Pourtant, l’instant d’après je constatais une chose totalement incroyable chez un pèlerin :
Il était unijambiste, et marchait avec deux béquilles pour remplacer sa jambe arrachée par un camion quatre ans plus tôt.
Il rayonnait une telle force intérieure, qu’il la transmettait par son enthousiasme, sa joie de vivre, son bonheur d’être là, sur ce Chemin, en détachant chaque mot pour que j’entende bien :« Here - i- am ! ». (Je – suis - là !)
Personne ne « fait Compostelle ».
Mais nous pouvons tous ETRE pèlerin sur ce Chemin.

Le Vécu d’un(e) pèlerin (e) en Chemin vers Compostelle.

Episode 16. Huntto
         La Cordée

Marcher le plus justement possible, oui ! Mais pas
toujours facile. Ça peut être dur parfois... Au départ d'un long parcours en pente rude et d'un dénivelé important, force et courage ne manquent pas ce jour.
Devant la difficulté de cette ascension, nous sommes tous 
positionnés derrière le premier de cordée, mettant nos pas dans les siens.
Pas encordés, non ! Mais reliés les uns aux autres par l'énergie du groupe.
Nous grimpons dans le silence et le bon rythme.
Nos pas semblent justes et alignés à la marche de chacun.
La présence que nous accordons à chaque instant, à soi, aux autres, à la nature qui nous entoure, génère une belle harmonie et un bel esprit de groupe.
Sous le soleil brûlant du mois d'août et malgré l'ombre des sous-bois, la soif, la fatigue se font sentir. La nécessité de faire des pauses s'impose et permet de rester motivés.
L'entraide s'organise, les plus performants accompagnent les moins performants, le but étant d'arriver ensemble.
Nous continuons notre marche en cordée, toujours dans l'effort de se hisser encore plus haut. La force du groupe permet de se dépasser.
Arrivés au sommet, nous nous arrêtons pour le casse-croûte et profitons de ce temps de pause pour apprécier le magnifique point de vue sur la vallée, avant de reprendre le sentier dans la solidarité.

Le Vécu d’un(e) pèlerin (e) en Chemin vers Compostelle.


Episode 17. Logroño
« L’entraide et le Bourdon ». 
Logroño, 30 Octobre, je suis contraint d’interrompre momentanément mon pèlerinage pour des raisons administratives ! Donc, autobus jusqu’à Hendaye puis train jusqu’à Vienne.
Vers midi le 5 novembre, arrivé à la gare SNCF d’Hendaye, je prends l’autobus "Hendaye – Estella" (Espagne) pour rejoindre la gare routière d’Irun située à environ 2 km côté espagnol.
Arrivé à la gare routière je cherche où est le bus pour Logroño, je le repère mais dans cet instant …. 
Horreur, je n’ai plus ‘’mon’’ Bourdon, je l’ai oublié dans le bus d’Estella !
Au pas de course je retourne à l’arrêt de car mais là, catastrophe il est déjà reparti ! Paniqué, j’essaie de demander comment joindre par téléphone le chauffeur de l’autobus d’Estella mais je ne parle pas assez bien la langue locale pour être compris, alors vite, je retourne à pied à la gare SNCF d’Hendaye et j’explique mon désarroi au chef de gare, qui lui, parle couramment l’espagnol.
Immédiatement il perçoit l’importance qu’à cet objet qui ressemble à un simple bâton de bois mais qui est l’Ami inséparable du pèlerin.
A cet instant j’ai ce sentiment qu’il déclenche une véritable chaîne de solidarité pour venir en aide à un pèlerin en grande difficulté.
De très longues minutes après, et à l’issue d’innombrables appels téléphoniques son visage s’illumine, il parle avec le patron de la compagnie d’autobus qui a pu enfin joindre le chauffeur du car dans lequel est resté mon bourdon. Celui-ci est revenu déjeuner à Hendaye et m’attend avec un sourire jovial, sur le parking devant la gare.
" Ultreïa ! Merci chef de gare Merci chauffeur, MERCI la VIE de m’avoir aidé à retrouver mon fidèle Compagnon de Chemin, le Bourdon du pèlerin.

Le Vécu d’un(e) pèlerin (e) en Chemin vers Compostelle.

 Episode n° 18 Castrojériz.
« Le vécu du pèlerin mendiant ». 
       Après 1 200 km de Marche en solitaire, dont 350 sur le ‘’Camino francès’’ en Espagne, je commence à me familiariser avec la langue du pays et n’hésite plus à engager de petites conversations avec les pèlerins espagnols.
       Grâce à l’un d’eux, qui en était à son 3ème pèlerinage, St Jean pied de Port Santiago, et avec qui je marchais depuis quelques jours, j’ai pu découvrir un aspect totalement insoupçonné de ce que peut être, pour les riverains du Camino*, un pèlerin en Chemin vers Compostelle.
        Avec un sourire malicieux mon compagnon de Chemin et ‘’conseiller’’ en communication, m’annonce qu’il est l’heure de passer de l’apprentissage de la langue espagnole, à l’expérimentation sur le terrain. 
       « Comme c’est bientôt midi, tu vas sonner à la porte d’une maison pour…demander de quoi manger. »
       Stupeur ! Après de multiples tergiversations …pour me dérober devant une épreuve qui me semblait irréalisable, mon compagnon s’arrête, pose son sac à dos, me regarde droit dans les yeux, avec Force, Tendresse et détermination ….il agite vigoureusement la cloche située à l’entrée d’une belle propriété.
       « Bonjour pèlerins, vous avez besoin de quelque chose ? »
       Panique complète, je salue le propriétaire du lieu mais pas un mot ne vient pour expliquer le motif de notre appel. 
      Sans aucun doute cet homme comprend ma gène, au regard de la tête enjouée de mon compagnon, il le questionne… puis, tous les deux se mettent à rire joyeusement.
        « Ha, vous avez le ventre creux, attendez je vous prépare un bocadillo* »
         De quoi manger pour 2 jours !
 Le plus étonnant c’est de constater combien cet homme prend plaisir à nous offrir ce repas, comme si pour lui notre demande d’Aide était un véritable cadeau du Ciel.
       Nous reprenons le Chemin pour, un peu plus loin, savourer ces délicieux bocadillos, moment utilisé par mon partenaire pour surligner :
       « Tu vois, chaque fois que tu achètes ‘’tes petits sandwichs’’ tu prives quelqu’un d’un moment de bonheur. »
       Force est de constater que sur ce coup-là, mon compagnon de Marche à raison.
      Le lendemain tout en cheminant nous échangeons sur l’évènement de la veille, de son point de vue je progresse mais… « Aujourd’hui tu te débrouilles tout seul pour demander notre repas ! »
       Vers 13h00 à la sortie d’un hameau en passant devant une sorte de cabane de berger nous sommes tous les deux interpellés par la délicieuse odeur de barbecue qui s’échappe de la cheminée.
    Avant même de poser son sac à dos, mon ‘’guide’’ dans l’art de ‘’mendier justement’’, s’écrie « Holà (bonjour en espagnol)… comme ça sent bon chez vous ! »
      Dans l’instant, une petite fenêtre s’ouvre, un homme questionne : « Bonjour pèlerins, vous avez déjà mangé ? »
       Je réponds que non et je confirme, « Oh oui…, elle sent vraiment très très bon cette appétissante odeur qui sort par votre cheminée ! » 
       Nous sommes alors invités à partager le chevreuil de quatre chasseurs qui fêtent leur réussite du jour.
       Inoubliable moment où le vin coule à flot et où nous sommes considérés, ici encore, comme des Missionnés du Ciel pour transformer un bon repas de viande grillée à la cheminée en un joyeux moment de Fête.
Camino*, Chemin de Compostelle.*Bocadillo , Sandwich en français.

Le Vécu d’un(e) pèlerin (e) en Chemin vers Compostelle.

Episode 20. Léon
« Le Jamon de Léon! »
Sur ce Chemin, des pèlerins du monde entier : Canadiens, Australiens, Suisses, Américains, Allemands, Polonais, Anglais, etc... etc... 
Etrangement, après notre étape à Léon, nul besoin de hisser un drapeau tricolore pour que tous les deux désormais, nous entendions à l’approche des autres pèlerins : “ah voilà les Français!”
Mais comment nous reconnaissaient-ils ?
Peut-être à cause de ce qui dépassait de l’un de nos sacs à dos... Quelque chose d’étonnant, inhabituel, inimaginable même !
Raz le bol d’acheter chaque jour un bocadillo dé jamon, alors hop coup de folie, à Léon, nous achetons...un jambon entier, de 7 kg, dont l’os dépasse du sac à dos !
Ce jambon nous a permis une ouverture aux autres, concrètement en proposant de le partager avec quelques pèlerins, autour d’un verre.
Ce fût également une possibilité d’échanger sur ce que le Chemin nous offrait de Vivre, de découvrir de nous-même chaque jour, ainsi que sur l’esprit véhiculé par les Marcheurs qui mettent leurs pas dans celui de milliers d’autres avant eux.

Le Vécu d’un(e) pèlerin (e) en Chemin vers Compostelle.

Episode 21. Ocebreo
« La force du groupe. »
J’ai commencé le Chemin de Compostelle à pieds, comme beaucoup mais la vie à fait que suite à un accident physique, je ne pouvais désormais plus marcher comme avant.
Il m’a fallu envisager le Chemin autrement.
Alors, j’ai accompagné le groupe dans la voiture d’intendance et j’ai pu ainsi aller jusqu’au bout tout en effectuant de petites portions à pieds, à mon rythme.
Le vécu le plus fort a été cette portion d’étape, qui me tenait à cœur mais … qui grimpait beaucoup !
Alors, le groupe sachant cela, a décidé de m’accompagner, quitte à « perdre du temps » et raccourcir l’étape prévue.
Et nous voilà partis.
Je suis en tête et les autres suivent, à mon rythme.
Au bout de quelques instants, tout naturellement, sans que rien n’ait été décidé, le silence s’instaure.
Je ressens ce Silence et cette Présence qui me poussent comme une seule et même personne.
Et, pas à pas, nous nous élevons.
Parfois, quelqu’un me demande si je n’ai pas besoin de m’arrêter (irais-je trop vite pour eux ! ? !), mais non, je me sens bien, portée par la Solidarité du groupe.
Chacun a certainement vécu cette expérience à sa manière, selon son histoire. 
Mais je peux vous dire que si je suis arrivée à ce « sommet » c’est grâce à la Force de l’Entraide et parce que chacun d’entre nous était au Service de quelqu’un d’autre que soi.

  Vécu d’un pèlerin en chemin vers Compostelle.

Episode : 22 Le Camino francès.

       Ostabat, déjà 810 km de marche sur ‘’la Via Podiensis’’ aujourd’hui référencée : GR 65.
       Même pour le pèlerin solitaire que je suis, et bien sûr, grâce à la particularité de ce parcours, des liens entre marcheurs se créent au fil des km installant petit à petit une forte solidarité en même temps qu’un esprit de famille reliant les pèlerins d’aujourd’hui à ceux qui depuis le Moyen Age s’engagent sur ce Chemin. 
       Bel esprit mis à l’épreuve dès l’arrivée dans cette petite ville d’Ostabat qui rappelons-le, est située au carrefour du Chemin du Puy en Velay, de Vézelay et de Paris, via, Tours.   
       En ce lieu, la ‘’famille’’ des marcheurs s’agrandie, ‘’l’habituel’’ est rompu !
       Une nouvelle difficulté, d’ordre affective cette fois, suggère de trouver ‘’sa’’ nouvelle place parmi tous ces nouveaux venus…eux aussi imprégnés des ‘’habitudes’’ propres au parcours qu’ils ont emprunté.
       Et puis, à peine quelques 10ène de km plus loin, St Jean Pied de Port, ville départ du Pèlerinage espagnol, une multitude de nouveaux marcheurs arrivés du monde entier s’élancent en direction de Santiago de Compostela.
       Parmi toute cette foule bruyante et agitée, je repère un petit groupe de jeunes gens, arrivés probablement d’Amérique latine, prenant fébrilement le sentier en direction de Roncevaux.
       Plus de 30 km de marche, 1000 mètres de dénivelé à gravir, terrible épreuve physique pour une 1ère étape !
       Bien vite, je constate qu’avec ce groupe nous marchons au même rythme, donc, nous nous retrouvons souvent dans les gîtes pour …essayer de dormir un peu !
Suite de cet épisode demain !

Le Vécu d’un(e) pèlerin (e) en Chemin vers Compostelle. 

    
 Episode : 22 bis La cathédrale de Santiago. 
       Extrêmement difficile de dormir tranquille quand ils sont là parce que chaque soir, ce groupe fait la fête jusqu’à point d’heure !
       Très très vite je sens l’agacement grandir de soirée en soirée, et malgré de multiples stratégies pour échapper à leur présence, je me retrouve encore et encore en leur festive compagnie ! 
       Environ au 2/3 du Camino, alors que je commence à me familiariser avec la langue espagnole, je décide de m’arrêter un moment à la terrasse d’un bar pour engager une conversation avec ce jeune homme, plâtré de la cheville à la hanche, qui participe aux ‘’bruyantes’’ soirées qui me mettent systématiquement de bien mauvaise humeur. 
       Surprise, il n’est pas espagnol mais portoricain, il fait partie de ce groupe venu accomplir le pèlerinage de Compostelle, je comprends que pour eux cette démarche est vraiment très importante, qu’il a glissé en descendant le col de Roncevaux, sa 1ère étape, qu’il s’est cassé un tendon du genou, et qu’il a décidé de repousser l’intervention chirurgicale pour pouvoir arriver au bout de son pèlerinage…en autocar !
       Hé ben malgré cette information, la soirée suivante, je ne résiste pas à l’agacement qui vire même à la colère, je persiste à croire que rien ne justifie ce chahut que je ‘’juge’’ vraiment très irrespectueux vis-à-vis des autres pèlerins qui comme moi estiment,… sans la moindre conscience d’être totalement enfermé dans un préjugé, qu’un ‘’vrai’’ pèlerinage oblige silence et austérité.
       Funeste erreur qui interdit durablement l’accès au vécu des autres et qui compromet gravement l’entraide au sein de la grande famille des pèlerins en Chemin, vers Compostelle… où ailleurs.
      800 km de marche pollués par cette peur de succomber à l’appel de la Fête.
        Heureusement comme toujours la Vie et le bon sens finissent par reprendre le dessus, ce fut pour moi-même dans la cathédrale de Santiago lors de la messe d’arrivée des pèlerins à St Jacques.
       Moment inoubliable tant les yeux qui s’ouvrent offrent une magnifique douche de Lumière.
       Ce beau matin de Novembre, comme à l’accoutumée, j’arrive tôt dans l’édifice religieux et prends place juste en bordure de l’allée centrale pour ne rien perdre de ce spectaculaire moment où l’immense encensoir est manœuvré.
       Petit à petit fidèles pèlerins et touristes prennent place eux aussi.
       A l’intérieur de moi-même c’est à peu près tranquille, j’ai accompli mon pèlerinage mais… je me surprends agacé par ce vieil homme que beaucoup de marcheurs montre du doigt comme étant l’opportuniste qui utilise le Camino pour manger à peu de frais et passer l’hiver au chaud dans les gîtes de pèlerins, et puis, cet autre SDF qui passe son existence à ‘’tourner en rond’’ sur le Chemin s’enorgueillissant, article de presse à l’appui, d’avoir déjà marché autant de km que pour faire le tour du monde….
       Et puis désappointement total, de l’autre côté de l’allée, juste à ma hauteur …..le groupe de portoricains s’installe.  
       Curieusement leur comportement est ce matin différent, leur visage est rayonnant de paix et de sérénité, en les observant je croise le regard de l’un d’entre eux qui me sourit en regardant son compatriote blessé et là, …je vois et comprends que ce ne sont pas de joyeux fêtards venus s’amuser un moment sur le Camino mais un groupe uni comme une fratrie qui a ‘’porté’’ l’un d’entre eux à bout de bras pour lui permettre d’accomplir le pèlerinage de Compostelle malgré son incapacité à marcher, je mesure dans cette instant combien il était capital pour eux de dédramatiser cet accident et de vivre la fête chaque soir pour lancer vers le Ciel un énorme : « MERCI la VIE, je suis encore sur le Chemin aujourd’hui ! » 
       Dans cet instant toute la somme de mes agacements successifs s’est évaporée, alors maintenant à chaque fois que je suis agacé je repense à ce ‘’petit miracle’’ vécu au terme de mon pèlerinage vers St Jacques et à mon tour, je remercie la VIE qui m’a permis de durer jusqu’au bout de mon pèlerinage.
ULTREÏA !

Le Vécu d’un(e) pèlerin (e) en Chemin vers Compostelle.

Dernier épisode…FISTERRA.
« La fin d’un magnifique périple sur le Chemin… ».

La mer, ………..ça y est on est arrivés ! Il y a la joie d’avoir atteint notre but, mais aussi … un certain pincement au cœur : c’est fini !
C’est en effet la fin de quelque chose… ainsi que la possibilité d’incarner le début d’autre chose ! 
Et les kilomètres parcourus sur ce Chemin peuvent permettre à chacun d’Entendre « où » il sera attendu … après !
Selon la tradition, le pèlerin qui arrivait à Fisterra brûlait ses vieux vêtements « ses vieilles peaux » pour en endosser de nouveaux.
Comme cela est désormais interdit sur place, nous décidons de reporter ce moment à notre retour en France.
C’est ainsi que chacun tour à tour, dans un silence de cathédrale, nous nous sommes présentés solennellement avec notre « vieille peau » dans les mains, que nous avons jetée dans un brasero où brulait un feu ardent, en la regardant se consumer jusqu’au bout avec respect.
Pour ma part, je peux dire que lorsque je me suis retrouvée au bout de ce Chemin, riche de toutes ces rencontres avec moi-même et avec les autres, j’ai ressenti le besoin de laisser tomber l’ancien, toutes ces vieilles habitudes, « ces vieilles peaux », pour aller vers le Nouveau.
Passage pas si facile que ça, encore une fois il convient d’accepter, de perdre la « sécurité » de ce que l’on connaît pour faire un pas vers l’inconnu !
Pour d’autres ce fût également une possibilité de clore quelque chose en jetant dans les flammes « une partie d’eux même » que le Chemin avait éclairée, élevant à leur conscience que cet « héritage » de si nombreuses habitudes répétées sans cesse et sans le moindre discernement, était une entrave à un Rôle, une Place, une Tâche qu’ils avaient à accomplir individuellement ou collectivement.
Bref, terminer aujourd’hui, sans rien renier, pour incarner, demain, de pas en pas, l’ « A-venir » !

Le Vécu d’un(e) pèlerin (e) en Chemin vers Compostelle.

Vous étiez nombreux à demander de voir l'œuvre de St Jacques terminée.
Voici la photo finale !!
St Jacques est installé dans la salle de réunion.
C'est avec plaisir et gratitude que je vous fais découvrir, par la même occasion, le texte final de l'association « De pas en pas… ».

Le Chemin de Compostelle.
Au tout début du confinement, une professionnelle du vitrail, à qui nous avions demandé de créer un ouvrage, propose à notre groupe de pèlerins le Cœur remplit de souvenirs vécus sur ce Chemin, de les Partager sur son site, par un petit texte quotidien, en parallèle de l’évolution de son travail. 
Son intuition, c’était de permettre à ceux pour qui le confinement allait possiblement être un peu difficile à vivre, de « s’échapper », de « voyager », de « prendre l’air », de « partir en pèlerinage » tout en restant chez eux !
Nous n’avons eu aucune hésitation : Il s’agissait là d’une proposition d’entraide, et quand bien même aucun d’entre nous n’est « écrivain », nous avons « couché » sur papier quelques-uns de nos moments forts, vécus individuellement, ou en groupe.
C’est ainsi que nous sommes à nouveau « partis » sur Compostelle, et que sont remontés à la surface des moments de Joie, de Partage, de Convivialité, d’Entraide, vécus sur ce Chemin.
Nous avons même pensé un instant que ces modestes textes couplés aux photos de l’évolution du vitrail, auraient pour seule vocation, de soutenir ceux qui les découvriraient. Mais nous avons vite constaté que ce Travail en commun, était un véritable rayon de Soleil pour nous aussi !
Alors, pour cela, un immense MERCI à Mme Ailloud qui nous a permis de « partir » à nouveau vers Santiago, et de peut-être « emmener avec nous » d’anciens ou de futurs Jacquets ».
« Ultréia », toujours plus loin, toujours plus haut !

Les pélerins de l’association « De pas en pas… ».
https://www.facebook.com/Association-De-Pas-en-Pas-101469781551937/

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